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Mario Epanya
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Mario Epanya, originaire du Cameroun arrivé en France en 2000, a d'abord travaillé comme maquilleur pour les défilés et magazines de mode avant d'évoluer vers la photographie. Il travaille aujourd'hui comme photographe professionnel tout en éditant un magazine dédié à la mode et la beauté africaine « Winkler ».


Digixo l De maquilleur à photographe, votre évolution a-t-elle été évidente ?

Mario Epanya l La réponse sera plutôt Non ...car la photographie a plutôt été une bonne surprise à un moment de ma vie où j'ai décidé d'arrêter ma collaboration avec une grande enseigne française, car mon rêve était de devenir ... Directeur Artistique d'un grande marque de cosmétiques ...le destin en a décidé autrement et je suis comblé.

Après de nombreuses années à courir dans les semaines de défilés, les shootings pour de prestigieux magazines, campagnes publicitaires et tournages, j'ai appris beaucoup de choses et rencontré des personnes très talentueuses; fasciné par toute cette énergie créative parisienne, j'ai d'abord commencé par assister des coiffeurs, ensuite des stylistes mode et beauté et enfin des amis photographes comme Pascal Pierrou ou Ernest Collins.

De nature très curieuse, j'ai commencé à poser des questions sur les techniques de retouches numériques au photographe Pascal Pierrou qui m'a initié à Photoshop afin de retoucher les visuels de beauté qu'on réalisait ensemble. Et au fil du temps, la photographie s'est imposée de façon plus évidente alors je suis allé sur des forums de photo, j'ai acheté des livres sur les techniques et je me suis offert mon premier reflex en 2007: un D40 :-)
 


Digixo l Comment vous êtes-vous formé techniquement à la composition photographique ?

ME l Autodidacte, j'ai commencé à peindre et dessiner dès l'age de 4 ans et mon père qui était architecte m'a offert des livres d'art et des cours de dessin pour me perfectionner dans l'art du dessin. Très tôt, les exercises consistaient à reproduire les oeuvres de maîtres comme Nicolas Poussin ou David ...et grâce à ce background arty, je dessine et compose mes futurs shootings, tous les détails sont munitieusement calculés, le cadrage, la principale source de lumière, la perspective, les angles de vue, le choix des couleurs etc...je passe des jours et nuits à corriger les détails car l'improvisation n'a pas sa place le jour J. La composition est depuis toujours à la base de mon travail.

Digixo l Quel est votre matériel photo fétiche aujourd'hui ?

ME l Mon bébé est le reflex numérique Nikon D300S qui fait photo et vidéo car j'aime bien faire des mini films backstages et ensuite partager sur des résaux sociaux.


Digixo l Comment vous définiriez-vous comme photographe ?

ME l Je pense qu'il y a deux catégories de photographes : Les "Artistes" et les "Techniciens" et j'appartiens à la 1ere catégorie !

Oui sans hésitation, je me définis comme un artiste engagé, j'ai un univers et j'utilise cet art afin donner une autre vision de la mode ou beauté, ou encore dénoncer, ouvrir les portes à la diversité culturelle. 

Je ne suis pas un expert de la technique, d'ailleurs je continue toujours à me former car on découvre tous les jours de nouvelles techniques et je m'améliore. Mais j'ai rencontré des photographes au cours de ma carrière de maquilleur qui ne parlaient que de leurs "mattox" et de leurs dernières acquisitions, comparaient sans cesse leurs techniques à celles de autres, et n'avaient que ces mots à la bouche (TTL ,prisme ,bridge,hybride,etc ...); j'avais l'impression qu'ils me parlaient chinois. Pour faire court, je suis plus attaché à l'émotion que peut dégager une photo qu'à l'objectif qui a été utilisé pour la faire.
 


Digixo l Selon vous, votre expérience de maquilleur influence-t-elle le photographe que vous êtes devenu ?

ME l OH que oui ! Définitivement mon passé de coiffeur-maquilleur est très présent dans mon travail, j'y intègre des codes esthétiques venus d'ailleurs et contrairement à ce que ce qu'on peut penser, le monde de la mode est très allergique à ce qui vient d'ailleurs. Je dois saluer le courage de couturiers comme Jean paul Gauthier ou Yves Saint Laurent qui ont défié les acheteurs, critiques mode ou autres "faiseurs de tendances " en imposant la diversité dans leur travail.

Pour revenir à mon expérience de coiffeur-maquilleur, oui le choix de la couleur d'un rouge à lèvres pour illuminer un visage, ou encore la forme, le volume, la texture d'une chevelure afin de finaliser une silhouette pour une série Mode; tout ceci peut paraître futile pour certains, mais Primordial lorsqu'on se définit comme photographe mode ou beauté.
 


Digixo l Vous vous êtes spécialisé dans le portrait et principalement la photo de mode, quelles sont les particularités de ce type de photos ? Les difficultés et obstacles à éviter ?

ME l La particularité de ce types de photos est comme dans tous les autres domaines, il y a des codes. Un vrai photographe de Mode doit avoir un minimum de culture générale et doit s'intéresser à ce qui se passe dans le milieu.

Les particularités: il faut assister aux défilés de mode afin de connaître les tendances du moment, les it' girls c'est à dire les mannequins qui ont la côte et qu'on doit absolument avoir dans son portfolio,  regarder les documentaires Mode de Loïc Prigent (DVD) et Mademoiselle Agnès sur Canal +, parler anglais avec l'accent italien comme l'un des héritiers de la maison Ferragamo, faire des castings via skype en visio conférence avec le client qui réside à Londres, appeler les assistantes pour recevoir les lookbooks des dernières collections, connaître un peu l'histoire de la mode et des grands noms qui ont contribué à son évolution, mais aussi la philosophie d'une maison de couture ou marque de cosmétiques; ça peut aller jusqu'au bal des contrats de différents directeurs artistiques qui reprennent les rênes d'une marque vieillissante, ensuite savoir faire la différence de style entre Riccardo Tisci chez Givency et Olivier Rousteing chez Balmain...travailler avec des agences de stylistes mode, etc. ou à la situation financière d'un groupe de luxe qui les emploie...

Une fois que vous avez ce solide "background", vous pouvez travailler de façon sereine avec les redactrices mode de magazines et comprendre le mélange de matières (velours cotelé, crêpe de chine, soie) ou comment éclairer avec sa boite à lumière octa un pull en cachemire Hermès afin d'avoir du détail, de la matière et sa douceur, tout en harmonie avec le teint de velours du modèle obtenu après 2 heures de maquillage .

Comme la mode évolue en fonction de tendance, il faut aussi regarder ce qui se passe (Worldfashion,FTV..), comprendre le succès de tel ou tel confrère dans ce domaine.

Les difficultés: le snobisme des certaines maisons ou bureaux de presse qui refusent de vous prêter des créations parce que vous n'êtes pas un grand photographe, avoir à supporter des rédactrices hystériques qui ne savent pas ce qu'elles veulent, qui se prennent toutes pour Anna Wintour, un stress perpétuel souvent pour pas grand chose, par exemple lorsque l'assistant de l'assistant de l'assistant d'un grand magazine fond en larmes parce que le mannequin star refuse d'enlever son piercing...

Les obstacles à éviter :

-Eviter de reproduire les photos vues dans les magazines

-Faire un shooting mode avec la " last season collection "....Extrêmement Choquant

-Faire un shooting "MODE" avec des amies "pseudo modèles" dans des poses qui font tarte et un stylisme à deux balles ....SACRILÈGE

-Ne pas confondre une série lookbook qui est la présentation du travail d'un créateur pour futurs acheteurs ou distributeurs et une série mode scénario et mise en scène de créations de plusieurs marques autour d'un thème choisi par la direction artistique
 


Digixo l Photographe d'origine africaine travaillant à Paris depuis plus de 10 ans, comment se transcrit cette double culture dans votre vie de photographe et personnelle ?

ME l Ma double culture est une valeur ajoutée à ce savoir-faire acquis durant ces années. Ceci se transcrit particulierement dans le choix des thèmes de série photos, le choix d'un mannequin russe qu'on va transformer en femme Douala avec foulards et créations d'un jeune styliste africain n'est pas anodin ! J'aime les mélanges -et c'est un milieu où l'on voyage facilement à l'autre bout du monde-, découvrir et travailler avec de nouveaux talents qui apportent un fraicheur et une autre approche à la mode et contribue tout simplement à son évolution.

De façon plus personnelle, en 2009 je suis devenu sur le web le photographe que tout le monde voulait interviewer car j'ai créé un mini-tsunami avec mes fausses couvertures de "Vogue Africa"; un acte militant pour dénoncer l'abscence d'un édition noire du prestigieux magazine et de modèles issus de la diversité. Je suis heureux de voir que Franca Sozzani, la rédactrice du Vogue Italien a réagi en créant sur le site vogue.it un département dédié aux talents noirs et a demandé à une journaliste de m'interviewer sur ma démarche. Et l'on verra désormais dans les kiosques 1ou 2 fois par an une édition de L'uomo Vogue dédié à l'Afrique, afin de montrer un autre visage de celui-ci; et je ne peux qu'applaudir le coté visionnaire de cette dernière.

En 2010 j'ai créé un magazine en ligne "Winkler" disponible aussi sur commande en version papier sur le site Madmagz.com et on y découvre des talents encore méconnus dans la High fashion, le dernier numéro est un spécial "Brésil" avec des séries photos réalisés lors de mon séjour à Rio, un vivier incroyable de talents de demain.


Digixo l Quels sont vos prochains projets photographiques ? d'autres horizons ? Des expos ?

ME l Il y a quelques mois j'ai proposé un projet au Groupe JCDECAUX  et je viens d'en terminer le shooting qui a duré une semaine; ce sera une exposition d'une cinquantaine de portraits sur la plus belle avenue du monde "Les Champs-Elysées" du samedi 23 au dimanche 24 juin 2012. Je suis très honoré et très reconnaissant au Groupe de m'avoir fait confiance et de m'avoir donné carte blanche au niveau de la direction artistique.Une expérience unique dans ma carrière .

J'ai aussi un projet d'exposition à la Galerie REFLEX en juin sur mes fausses couvertures de Vogue Africa et une collaboration avec le Salon LABOETHNIK du 15 -17 juin 212, nous organisons un concours de mannequins et la gagnante sera sur la couverture du prochain Numéro de mon magazine Winkler et fera les pages mode et aussi obtiendra un contrat avec une agence de mannequins . Bref on Travaille ;-)
 


Digixo l Vous avez gagné le premier prix du concours photo Digixo, un appareil photo Fujifilm Finepix X10 ? Quelles sont vos premières impressions d'utilisateur ?

ME l Fabuleux, il est super pratique pour mes repérages et castings mannequins, je trouve que la qualité des images est exceptionnelle, les couleurs sont vives et l'écran Lcd lumineux, il est devenu indispensable ! Merci à vous et c'est la 1ere fois que je gagne un concours photo !

Digixo l Pouvez-vous nous commenter les photos que vous avez choisi pour illustrer cette interview ?

ME l Waouh ...

Le portrait 1 "Daouda Sonko" a été pris en studio pour une agence de mannequins, pour un premier test de ce jeune modèle. La sérénité dans son regard est apaisante, j'ai utilisé des écharpes aux couleurs vives afin de faire ressortir sa peau et très peu retouché car je trouve son grain de peau régulier. La photo a été prise avec mon Nikon D300S, vitesse d'obturation 1/125s, Vitesse iso 200, distance focale 50mn; elle fait partie de mes portraits préférés.

La série mode photo 2 est ma première série mode et je tiens particulièrement à cette série car il y a eu beaucoup de bonnes choses par la suite. Inspirée d'une des mes Icônes des années 80, la très magnétique Grace Jones, j'y ai travaillé pendans 2 mois avec la styliste pour le choix des couleurs, les matieres, les poses, et j'ai demandé aux mannequins de regarder des vidéos sur Grace Jones et d'essayer d'avoir son attitude. J'ai réalisé dessus les coiffures et maquillage car je savais très bien ce que je voulais obtenir une fois les modèles face à la caméra. Le jour du shoot tout était au point, pas de fausse note et les deux mannequins ont intégré des agences juste après la diffusion sur le web des images et parution dans un magazine. J'ai ensuite commencé à avoir des stylistes pour clients et des jeunes créateurs pour des réalisations de lookbooks, et ma collaboration avec le magazine Ghubar aussi. J'en garde un bon souvenir.

Photo 3: la série de portraits en noir et blanc issus de ma première exposition en 2011 "GLAMAZONIA" fait partie de mes photos favorites, un hommage à la coiffure Africaine. Inspirée des anciennes images de cartes postales, j'ai voulu y apporter une touche moderne tout en respectant les formes et textures. Avec l'aide d'une coiffeuse, j'ai réalisé des préparations avec des kilomètres de mèches et de fils de fer pour construire des "superstructures" à poser sur la tête des mannequins, c'était très intense ! Et en décembre dernier j'ai été invité par L'université Catholique et le consulat de France à Rio de Janeiro pour présenter la collection à l'occasion de la semaine de la conscience noire au brésil.

Les deux portraits de ces modèles caucasiens photo 4 font partie aussi de mes photos préférées. Celui de la jeune femme est le premier test fait avec mon Nikon d300S, j'étais très impatient d'essayer cet objectif 18-200mn de mon reflex et je n'ai pas été du tout déçu par la qualité, j'aime aussi la simplicité apparente de cette image un peu high-key;  mais la peau du modèle est entièrement maquillée avec une base de blanc de chanel et les boucles retravaillées et ensuite froissées avec de l'argile coiffante. Le portrait à gauche est aussi un test fait au début de l'année pour une agence de mannequins, j'aime l'effet glossy de la peau et des cheveux et aussi l'éclairage, c'était la première fois que j'utilisais un parapluie blanc qui diffuse une lumière très douce.

La photo 5 est un hommage à la diversité; pour moi la beauté est plurielle, il n'y a pas une beauté, mais des Beautés !

La photo 6 est un shooting mode pour la marque Osklen réalisé à Rio de Janeiro en novembre dernier... un bon souvenir.
 

 

 

Dernière mise à jour le 29/03/2024

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